Oh là là ! ton enfant rentre en CP et il est temps de se mettre à la lecture !
La corvée des devoirs, on en reparlera bientôt car c’est un sujet qui peut être épineux chez beaucoup de monde.
Mais en attendant, comment aider ton enfant à lire ?
Maria Montessori a compris très tôt que lire « pour lire » n’intéressait pas vraiment les enfants. Le langage écrit est avant tout un outil de communication.
C’est pourquoi l’enfant apprend à écrire – c’est à dire coder pour communiquer un message – avant d’apprendre à lire – qui revient plus à décoder le message de quelqu’un d’autre.
Alors quand ton enfant commence à s’intéresser aux lettres, on va éviter de lui demander de patienter 2 ou 3 ans de plus pour aborder cela en CP ! Autant profiter de sa motivation du moment plutôt que de lutter pour le freiner et peiner plus tard pour qu’il s’implique.
Il est déjà intéressant de travailler la conscience phonémique : en ballade, avec les playmobils, les animaux de la caisse à jouets, ou les véhicules:
« Mon petit oeil voit un animal dont le nom commence par le son « ssssss » et toi ? » -« Oui ! serpent ! » (bon je ne te souhaite pas de croiser un serpent en ballade mais ça fonctionne pareil avec « vvvvvoiture » « cammmmmmion » « vaaaaaaache » ou ce que tu veux ! )
Pour aider ton enfant voici quelques astuces:
on donne le son des lettres plutôt que leur nom (il viendra plus tard)
au début les enfants écrivent en phonétique alors on laisse coder sans regarder l’orthographe
on met du sens sur ce qui est écrit ! la lecture syllabique aide à la fluence mais n’apporte rien de concret aux enfants qui s’ennuient souvent.
Ici je te propose une vidéo de mon fils de 4 ans qui s’éclate à lire une histoire. Cet enfant, même si je l’aime beaucoup, n’est pas un génie ! il a juste reçu un accompagnement adapté et en fonction de sa sensibilité du moment.
Il utilise un livre qui respecte les critères importants suivants:
Les mots utilisés sont simples: on introduit les phonèmes une fois la lecture installée.
Les lettres silencieuses sont présentes mais grisées.
La difficulté est progressive : les phonèmes seront introduits un par un et par livre, et mis en évidence pour aider l’enfant à les repérer.
L’histoire est courte et bien illustrée, il y a une seule phrase par page.
L’histoire a un sens !! Si possible elle est intéressante et drôle, pour aider l’enfant à prendre du plaisir en lisant.
Elle est réaliste et fait appel à des situations auxquelles l’enfant peut s’identifier.
L’enfant comprend ce qu’il lit. Il utilise la lecture comme un outil de découverte et pas comme un travail en soi.
Précision importante: On ne parvient pas à ce résultat d’un coup de baguette magique ou simplement parce que l’on a acheté le bon livre. C’est tout un travail préparatoire pour coordonner l’oeil, le cerveau (et la main !) pour en arriver là. C’est grâce au développement sensoriel qui entraîne l’oeil, à l’assise de la confiance en soi acquise par les travaux de vie pratique, à l’esprit d’analyse et la capacité à résoudre des problèmes, construits au travers d’activités variées réalisées en autonomie, à la posture précise et juste de l’adulte, que l’on permet à l’enfant de développer son potentiel.
Ah là là ! Tu viens de récupérer ton enfant à la crèche ou à l’école et voilà qu’il se métamorphose en tornade impétueuse impossible à canaliser !
Mais que se passe-t-il ?
C’est le pire moment pour nous, ils sont en implosion au moment même où notre logistique domestique se doit d’être ultra rodée et de fonctionner sans encombres : goûter, devoirs s’il y en a, jeux, douches, préparation du repas, dîner, nettoyage, préparation des affaires pour le lendemain, brossage des dents, câlins, histoires, coucher des enfants…. Il n’y a pas de place dans notre tunnel du soir pour leurs tempêtes émotionnelles, et pourtant c’est là qu’elles arrivent.
Pourquoi se mettent ils à sauter partout, crier, s’énerver, s’impatienter et courir sans relâche lorsqu’on les récupère? Comment se fait il que des conflits incroyables démarrent pour des broutilles qui d’ordinaire se règleraient dans le calme et l’amour?
Souvenez-vous: vous êtes le refuge de vos enfants. Après avoir assuré une contenance sociale toute la journée, ils peuvent enfin relâcher la pression, et se laisser aller à s’épancher, libérer les petites tensions de la journées, exprimer les frustrations…
Ils vont avoir besoin de boire de l’eau, de se recharger en énergie, de pouvoir se défouler, si possible en extérieur, et de trouver une oreille attentive. Bien sûr, se défouler implique d’avoir un espace sécurisé, et quelques règles simples: on respecte le vivant comme le matériel. Ils n’ont pas le droit de se faire mal ou d’abîmer les meubles ou les lieux.
C’est au moment où nos enfants semblent le moins le mériter qu’ils ont le plus besoin de notre amour.
Séverine Schlayen
Être écouté implique que les parents puissent être disponibles. Dans l’idéal, vous vous asseyez avec eux pendant leur goûter et vous prenez le temps de leur demander ce qu’ils on préféré ou le moins aimé de leur journée. Mais si on ne peut pas? on se souvient que c’est au moment où nos enfants semblent le moins le mériter qu’ils ont le plus besoin de notre amour. Lorsque pimprenelle balance des insultes à son frère, on prend le temps d’aller lui demander comment s’est passé sa journée. Souvent on va découvrir qu’elle jette sur son prochain une tension accumulée dans la journée. Une pique reçue, une injustice vécue, une querelle à laquelle elle a assisté… tous ces petits vécus accumulés peuvent, s’ils ne sont pas exprimés dans un espace sain et serein, teinter la soirée de l’enfant, et déborder sur la qualité de vie de famille.
Alors on s’entraîne à la résolution de conflits et à l’écoute active, pour accueillir toutes ces émotions sans laisser l’un agresser l’autre !
Une question qui revient souvent lors des formations c’est : Un enfant qui reçoit une éducation bienveillante et une instruction Montessori dans ses premières années sera-t-il adapté au monde et au système scolaire classique par la suite?
Et bien c’est une excellente question qui soulève plusieurs problèmes. Le premier, c’est de croire que l’on doit préparer les enfants, les endurcir, pour qu’ils ne souffrent pas trop dans la cruauté du monde qui les entoure. C’est un problème, car on oublie en cela que l’enfant EST une partie intégrante du monde. Ainsi endurcir l’enfant, c’est endurcir le monde. Il est tout à fait possible d’affronter la réalité et des situations désagréables sans avoir besoin de se désensibiliser. Il est possible de ressentir des émotions, agréables ou désagréables, tout en restant solide et en étant capable de faire face aux difficultés de la vie.
Le second problème soulevé par cette question c’est la méconnaissance. L’absence d’informations sur la méthodologie. Beaucoup croient qu’une éducation sans violences, c’est une éducation laxiste, ou sur-protectrice, qui préserve les enfants des problématiques de la vie. Alors que, si l’on ne fabrique pas de conflits de toutes pièces, l’un des principes fondamentaux de la pédagogie Montessori ou de l’éducation non violente, c’est bel et bien la capacité d’adaptation et la faculté de l’enfant à résoudre des problèmes. Il a été prouvé par des travaux de recherche par IRM (voir l’étude menée par le Dr Solange Denervaux à Lausanne) que la pédagogie Montessori décuple les facultés d’adaptation, de résolution de problèmes et de gestion de l’échec.
Enfin, une éducation non violente ne prépare pas l’enfant à affronter la violence, elle l’aide à se construire de façon solide et à développer sa confiance en lui. Elle lui offre à la possibilité de vivre et d’évoluer sans recours à la violence.
Les résultats sont tangibles et mesurables: Les enfants qui ont reçu un accompagnement adapté dans la gestion émotionnelle développent plus de connexions au niveau du néocortex préfrontal, réseaux essentiels dans le développement cognitif et les capacités d’inhibition. Ainsi les apprentissages sont facilités et l’enfant sera moins impulsif, et moins vulnérable aux situations stressantes. Les enfants qui ont reçu une instruction via la pédagogie Montessori sont capables d’apprendre seuls et pour eux-mêmes, car leur motivation intrinsèque est préservée.
Alors oui, un enfant sensibilisé à la non-violence s’insurgera plus facilement des injustices dont il sera témoin ou victime. Oui les parents devront souvent parler et écouter l’enfant au retour de l’école pour déconstruire et analyser des situations vécues qui posent interrogation à l’enfant. Mais n’est-ce pas là une richesse et une fierté que de savoir que nos enfants ne prendront ne prendra pas part à un système oppressif, et signifiera son désaccord aux adultes?
Cela m’amène au dernier point: les enfants issus de ces modèles éducatifs sont souvent perçus comme insolents par les adultes habitués aux systèmes basé sur des relations de pouvoir et d’autorité. En effet à la question « C’est quoi ces enfants qui répondent? » Maja du compte les lunettes de Maja réplique à juste titre » Cela s’appelle une conversation. »
Remettre en question le fait que les enfants ont besoin de comprendre et d’adhérer avant de faire ce qu’on leur demande, c’est viser un système de soumission aveugle, et il me semble que cela relève plus du dressage que de l’éducation.
Alors bien sûr, un enfant qui est issu d’une éducation au sein de laquelle il peut réfléchir, remettre en question l’adulte, se construire librement et développer ses compétences par lui-même n’abordera pas les choses de la même manière qu’un enfant soumis à l’autorité depuis son plus jeune âge. Mais, au bout du compte, est-ce vraiment un problème?
C’est la règle à table chez moi. C’est aussi un moyen de survie lorsque l’on a un « enfant difficile » à table.
Déjà parce que nous revenons du classique « Finis ton assiette » avec lequel nos générations précédentes ont été élevées, qui nous déconnecte de notre sensation de satiété, de notre appétit, et amène tout son lot de troubles alimentaires.
Ensuite parce que des études ont prouvé qu’un enfant habitué à s’alimenter à la demande depuis son plus jeune âge (et auquel on ne propose pas de friandises qui le déconnecteraient de ses sensations en le détournant de ses besoins) va spontanément s’orienter vers les aliments qui répondent à ses besoins nutritionnels.
Un enfant va réguler son alimentation et étaler ses apports (fibres, sucres lents, protéines, sucres…) sur la journée et parfois même sur la semaine.
Aussi votre enfant peut très bien avoir un fort appétit pour les légumes le midi et s’orienter vers les protéines le soir. Il n’est pas impératif pour lui de manger de tout à chaque repas.
Bien évidemment, si il y a des friandises en dessert (et par là j’entends tout ce qui représente un fort apport en sucre sans apports en fibres, comme les crèmes dessert, les glaces, les gâteaux, les desserts « lactés » etc.), le biais sera trop tentant et l’autorégulation de l’enfant perturbée.
Aussi chez nous, la règle est simple : charge aux adultes de proposer des repas équilibrés, comportant crudité, cuidité céréales et protéines. L’enfant mange ce qu’il souhaite parmi ce choix, dans l’ordre qu’il souhaite, et termine (ou commence, au fond on s’en fiche) par un fruit frais. Il n’est pas question de soumettre l’obtention d’un dessert au fait de manger le plat. En effet ce serait placer la nourriture grasse et sucrée comme une récompense, un but à atteindre. Ce serait tout mettre en place pour une relation moins saine à la nourriture.
« Tu manges ce que tu veux parmi ce que je te propose ». Je suis responsable de proposer des choses saines la plupart du temps. Ah, oui, nous sommes humains ! Parfois on n’a pas le temps, ni l’envie de cuisiner, ou alors c’est la fête.. enfin bref ! On fait ce que l’on peut, de notre mieux, en gardant en tête que le mieux de la voisine et le mien sont différents, et que mon mieux d’hier n’est pas le même que mon mieux d’aujourd’hui !
« Tu manges ce que tu veux parmi ce que je te propose » c’est la liberté au sein du cadre. C’est la responsabilisation de mon enfant, c’est la prise en compte de son individualité, de son unicité et de son humeur du moment. C’est le respect de sa personne, et la condition d’une relation saine à la nourriture. C’est la fin des crises et des disputes autours du repas, c’est la libération de l’assiette vidée d’une charge émotionnelle qui ne lui appartient pas.
Vous n’êtes pas convaincu ? Imaginez la situation suivante :
Il est des moments où vous avez plus d’appétit que d’autres, et il vous semblerait bien malvenu qu’un collègue de travail vous ordonne de finir votre assiette, ou vous interdise de manger vos plats dans l’ordre que vous souhaitez. Impensable ! Et pourtant, c’est ce que nous faisons quotidiennement avec nos enfants.
L’un de mes enfants souffre de dysoralité sensorielle, ce qui lui cause une sévère néophobie alimentaire. Comprenez en gros que ses récepteurs tactiles sont très (trop) efficaces et qu’elle ressent tout plus fort que le commun des mortels. En gros, le message envoyé au cerveau est amplifié. Si par exemple vous lui servez une tasse de chocolat tiède, elle ne pourra pas le boire et vous dira que c’est brûlant.
Faites le test à la maison, nous n’avons pas tous la même sensorialité. Ce qui est chaud pour vous est peut être tiédasse pour votre conjoint et froid pour quelqu’un d’autre.
Lorsque les messages sont envoyés de façon amplifiée à outrance dans le cerveau, il en ressort que les expériences gustatives peuvent être fort désagréables, voir même douloureuses.
Une goutte de jus de citron dans un plat entier sera ressentie et l’enfant pourra vous dire que « ça pique » alors même que vous ne sentez rien du tout.
La rugosité d’un aliment croustillant pourra être perçue comme une agression sensorielle, avec une perception de douleur.
A force d’expériences inconfortables, douloureuses ou écœurantes, l’enfant peut développer une phobie à l’idée de goûter de nouveaux aliments. C’est ce qu’on appelle les néophobies alimentaires.
Il est très sélectif dans le choix de ce qu’il peut manger, et la moindre déconvenue peut lui faire rayer un plat de la liste déjà très restreinte des aliments qu’il tolère.
Ces enfants mangent souvent du bout des lèvres, trient dans leur assiette, ne supportent pas que tel aliment en touche un autre, refusent de goûter, et ont des réactions très vives de dégoût lors d’une déconvenue.
On aurait bien tendance à les prendre pour difficiles, capricieux, pénibles.
Il faut bien comprendre ici le sens du mot « phobie ». C’est une peur qui est intense, impossible à raisonner et sur laquelle l’argumentation est non seulement inutile mais délétère.
Prendre en compte l’individualité de nos enfants passera par le fait de toujours proposer des plats variés, tout en veillant à ce que l’enfant néophobe puisse trouver dans chaque repas au moins un aliment qui sera accepté. Car en connaissant les mécanismes de la néophobie, on se rend compte que la personne qui en souffre le plus, c’est bien le néophobe frustré et affamé et non le cuisinier vexé.
Un suivi avec un orthophoniste bienveillant pourra aider, et une désensibilisation en douceur pourra se faire au fil des années.
Petit à petit, au cours d’expériences rassurantes, l’enfant pourra s’apaiser vis-à-vis de la nourriture, et, pourquoi pas, s’ouvrir à de nouveaux aliments et de nouvelles expériences.
« Tu manges ce que tu veux parmi ce que je te propose » chez nous, c’est aussi une manière d’inclure notre enfant néophobe dans les règles de vie familiale, dans une organisation qui peut s’appliquer à tous et à chacun.
Il y a de la manipulation, de la fabrication, des sciences (la voiture est autopropulsée) et de la prise de conscience pour apprendre à faire attention à ses affaires.Bref, pour nous, cette année, c’est le cadeau idéal.
Maintenant je voudrais vous parler de Noël, dans son ambiance et dans son organisation.Mon avis est tout à fait personnel et à chacun de faire (ou de ne pas faire) selon ses convictions, ses envies, ses possibilités. L’essentiel c’est la joie et le bonheur!
A titre personnel, je n’aime pas que mes enfants ouvrent une montagne de cadeaux à noël.
J’ai remarqué lorsque cela arrive que ça engendre des comportements de zapping, de consumérisme effréné et désintéressé qu’il ne m’a pas plut de voir chez des enfants (je n’aime pas cela chez les adultes non plus mais eux au moins peuvent décider de fonctionner autrement).
Un cadeau par enfant de notre part, c’est bien suffisant. Si les oncles et tantes et les grands parents veulent aussi offrir quelque chose, ça fait tout de suite 2 ou 3 cadeaux par enfant et c’est bien assez!
J’aime aussi le principe de se cotiser lorsque l’on veut offrir un gros cadeau (un abonnement annuel pour des cours d’équitation, ou pour la salle de babygym qui coûte un bras, le nouveau vélo, le voyage, le permis de conduire…).
Mes enfants ne croient pas au père noël.C’est un choix qui s’est imposé à nous lorsque ma grande fille alors âgée de 2 ans s’est arrêtée de dormir pendant plusieurs semaines, tout à fait terrorisée à l’idée qu’un inconnu rentre dans la maison pendant son sommeil.
Nous avons été contraints de prendre une décision, que nous envisagions alors bien plus tardive, par rapport au mythe du père Noël.
Et il a été évident que pour l’aider à retrouver la sérénité, nous lui devions la vérité.Depuis ce jour, elle (et ses frères maintenant) nous aident à emballer les cadeaux destinés aux personnes autours de nous. C’est un bonheur immense que je lis sur leurs visages lorsqu’ils préparent un cadeau, le choisissent, le fabriquent parfois, l’emballent avec soin et l’offrent ensuite.
Cette joie de donner, je le constate sur mes enfants, est bien plus forte et plus durable que celle de recevoir.Mes enfants m’ont appris une leçon. C’est nous, adultes, qui les inscrivons dans ce mythe du père noël (je ne parle même pas du chantage avec le « si t’es pas sage t’as pas de cadeaux » que j’exècre littéralement).Serions nous égoïstes de vouloir garder pour nous mêmes ce super plaisir d’offrir et de surprendre l’autre? Pourquoi ne pas les inclure dans cette fête de partage et de don de soi? Chez nous, pas de liste de souhaits pour les cadeaux de noël.
Voilà comment ça fonctionne: Pour ton anniversaire, tu émets une demande et si nous le pouvons, nous l’accordons. Pour Noël, nous te faisons la surprise.Et ça marche très bien! Et vous, comment abordez-vous cette fête?
Au milieu de tout le remue-ménage qu’aura provoqué ce tout petit virus, dans l’océan des injonctions diverses et variées qui sont adressées aux parents, il y a les enfants. Il y aura un avant et un après Covid. Qui des enfants dans le post-confinement?
Ces enfants, au sortir du confinement, seront changés à
jamais.
Ils auront continué de grandir. Ils se seront adaptés.
Ils auront vécu des moments inoubliables. Ils auront
découvert comment leurs parents gèrent une situation inédite et stressante.
Ils auront assisté à des disputes. Ils auront joué en
famille.
Ils auront été séparé trop longtemps de leur parent
soignant. Ils auront été transféré du jour au lendemain dans un établissement
de garde réquisitionné pour l’occasion.
Ils auront été séparé de leur nounou pendant si longtemps qu’ils
auront un peu oublié comment la chaleur de ses bras peut les rassurer. Ils auront
été tenus loin de leurs grands-parents, de leurs oncles et tantes, des cousins,
des amis…
« L’homme est un être social, la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables »
Aristote
Les rapports sociaux sont partie intégrante et fondamentale
de la construction de l’humain, cet être grégaire et initialement nomade. La
construction de relations sociales avec des cercles élargis est capitale pour
le développement de l’empathie, de la tolérance, de la confiance en soi, de l’autonomie,
de l’auto-estime.
Tous leurs repères sont bouleversés.
La sortie quotidienne au parc, la visite hebdomadaire à la grand-mère,
le goûter pris en tête à tête à la sortie de l’école, le sport le mercredi, les
leçons de musique, de chant, d’art… Toutes ces petites choses, dans leur
régularité, sont essentielles au développement du cerveau des enfants. Elles
sont nécessaires à la construction de la psyché de l’humain, dans sa capacité à
explorer le monde pour nourrir son intellect.
Pour certains, bien trop nombreux, toutes ces petites
choses, toutes ces petites relations, la crèche, l’école, la rencontre avec d’autres
adultes, sont plus que des apports supplémentaires. Pour ceux-là qui
connaissent la violence familiale, l’inceste ou simplement l’extrême pauvreté,
ces fenêtres ouvertes étaient la seule échappatoire à un bourreau quotidien, le
seul répit dans un climat lourd de violences verbales et/ou physiques, ou le
seul moyen d’avoir un repas équilibré…
Ce confinement qui prend des airs de vacances interminables (comme la très drôle vidéo de Mélissa&Fred) pour les plus chanceux, et est beaucoup plus compliquée pour le plus grand nombre (comme ici).
Ce confinement qui apporte la peur de l’extérieur, où se
tapisse un ennemi invisible, implacable et sournois. Prêt à se servir de chacun
comme d’un transporteur pour aller attaquer les autres. Il est prouvé
scientifiquement que les enfants sont naturellement altruistes. Imaginez leur
ressenti lorsqu’ils comprennent qu’ils ne peuvent pas nous accompagner en
courses car ils pourraient être porteurs sains du virus et représenter ainsi un
danger pour les plus vulnérables ! Ils n’ont pas de prise sur ce virus.
Ils n’ont pas de moyens de le voir, de le combattre, ou de protéger ceux qu’ils
aiment.
Ce confinement qui apporte son lot de doutes, d’angoisses,
qui inquiète les parents, qui cible en priorité les enfants.
Ce confinement – dont je ne remettrai pas en cause le
bien-fondé – a bien des impacts invisibles sur nos enfants.
De grâce, patrons, entrepreneurs, salariés, directeurs d’écoles,
professeurs, assistantes maternelles, puéricultrices, de grâce, prenez cela en
compte lorsque le confinement sera levé.
L’envie d’un retour à la normale sera pressante, sans doute.
Nous aurons eu nos enfants avec nous 24 heures sur 24 et 7
jours sur 7.
Selon les situations, les jours, les moyens, les caractères,
cela peut représenter un immense bonheur comme une indicible détresse.
Peut-être aurons-nous besoin de courir reprendre un travail
et essayer de rattraper un retard accumulé, de réparer une situation
bouleversante et inattendue.
Peut-être sera-t-il urgent de relancer notre activité pour
ne pas perdre notre gagne-pain.
Mais nos enfants, dans tout cela, sont comme nous. Las,
choqués, transformés par le traumatisme physique et psychologique que leur aura
infligé cette période. Car oui, il s’agit d’une crise. Le terme de « guerre »
a même été posé. Il ne peut y avoir de crise sans trauma.
Laissons le temps à nos enfants de redécouvrir l’extérieur, laissons-leur
le temps de reprendre leur souffle, de retrouver leurs proches.
Il n’est pas d’intérêt à courir après le diplôme, le
concours, ou le programme scolaire à rattraper.
Il n’est pas d’urgence à reprendre « le rythme normal ».
Gardons, d’une part, à l’esprit que c’est ce « rythme normal » qui est à l’origine d’une grande partie de la crise. (et si l’on en croit Giuletta Gamberini, Non, « la normalité ne reviendra pas »)
D’autre part, accordons à nos enfants, à nos employés, à nos
clients, un temps de réadaptation.
Il sera crucial, employeurs, que vous accordiez une
souplesse aux parents afin qu’ils puissent organiser un retour progressif à l’école
ou au mode de garde pour les plus jeunes.
Il sera nécessaire, gardes d’enfants, classes de maternelle,
de mettre ou remettre en place des périodes d’adaptation.
Il sera capital, clients, que vous soyez compréhensifs
envers le commerçant, l’entrepreneur, le libéral, qui devra intégrer de la
souplesse dans ses disponibilités.
Nous aurons besoin d’un temps de ré-acclimatation, pour
émerger de la situation dans laquelle cette crise nous aura plongée. Les
enfants aussi.
Il serait bon de ne pas se jeter à corps perdu dans le
travail et la production, dans le scolaire et l’évaluable.
Prendre le temps de panser nos plaies, de souffler nos
peines, de nous retrouver et de regagner en confiance. Prendre le temps de
revenir au social, dans la douceur et le respect de chacun.
Laisser à l’humain le temps de se reconnecter avec son
humanité, tout simplement.
Il est un sujet délicat lorsque l’on a des enfants, et que l’on ne sait pas toujours aborder: celui du deuil. Lorsque l’on attend un enfant, et que l’on veut s’informer à fond pour une éducation bienveillante, souvent on s’informe sur l’accouchement, l’allaitement, les pédagogies alternatives, on suit une formation montessori… mais rarement on se questionne sur la manière dont on peut parler de la mort avec son enfant.
Parce que c’est un sujet douloureux, d’abord. Et parce que nous avons chacun notre rapport particulier à la mort. Et que lorsque l’on pense à un enfant, c’est surtout la vie qui nous vient. Alors on n’y pense même pas, ou alors cette idée reste dans un coin de la tête, discrète, silencieuse… jusqu’au jour où nous avons besoin d’expliquer à notre tout petit, ou à notre presque grand, que tel être cher, ou inconnu, a arrêté de vivre.
Comment parler de la mort avec mon enfant? Quels sont les mots à employer? Est il trop jeune pour comprendre? Dois-je le protéger? Comment? Existe t il des supports pour en parler? On en parle.
Les mots
Tout d’abord, il va falloir se questionner sur les mots à employer.
Parce que la mort est empreinte d’une forte connotation dans notre culture, l’enfant va absorber un climat émotionnel intense. S’il n’est pas nécessaire de faire d’emphase lorsque l’on aborde le sujet de la mort avec un enfant, il est tout aussi crucial de ne pas minimiser ou enjoliver les choses.
Il est capital d’utiliser les mots justes. Et de parler de « mort » de « décès » d’expliquer que le défunt a arrêté de vivre, que son corps ne fonctionne plus et que nous ne le reverrons plus jamais. Il est très important de ne pas utiliser les mots comme « il est parti » ou bien « il s’est endormi pour toujours » car nous mettrions alors des angoisses potentielles sur des situations normalement banales. Personne ne souhaite que son enfant soit terrorisé à l’idée de nous voir partir au travail et ne jamais revenir, ou qu’il soit pris d’angoisses incontrôlables qui l’empêcheraient de trouver le sommeil craignant de ne jamais se réveiller.
Lorsque un décès survient dans l’entourage, mon premier reflexe concernant mes enfants est de leur en parler moi même, et de prévenir nos proches que je souhaite que le sujet en leur présence soit abordé dans la vérité.
J’informe aussi l’entourage de mes convictions religieuses afin que mon discours ne soit pas contredit. Afin de ne pas créer une confusion chez l’enfant.
que vous croyiez au paradis, à la réincarnation ou à l’arrêt pur et simple de l’existence de l’être après la mort, il vous faut être clair avec votre enfant en lui disant « moi je pense que … » et vous pouvez selon son âge lui expliquer que d’autres croient plutôt telle ou telle chose et qu’il est important de respecter les convictions de chacun.e.
J’ai en mémoire le cas de deux enfants absolument terrifiés pendant des semaines, suite au décès de leur vieux voisin. La famille était athée et personne n’avait abordé le sujet d’une éventuelle vie après la mort. Mais une grand mère au croyances religieuses fortes les avait gardés pendant cette période et leur avait expliqué que l’âme du défunt était encore présente dans les murs de sa maison. Non seulement il a fallu beaucoup de temps aux parents pour comprendre les angoisses soudaines de leurs enfants, mais la solution pour les apaiser a été vraiment radicale! Les deux maisons étant mitoyennes et la famille étant propriétaire de la totalité des lieux, il a fallu que le papa casse littéralement les murs de la maison du voisin afin de prouver aux deux petits qu’aucune âme ne se promenait à l’intérieur!
Les émotions
La tristesse est une émotion très importante. Elle est un mouvement vers le bas, qui nous permet de lâcher. Nos enfants sont de véritables éponges à nos émotions, et ils ressentent nos états sans pour autant pouvoir les expliquer.
Il va donc être très important de dire à l’enfant ce que vous ressentez, que c’est juste normal et naturel.
Vous pouvez aussi expliquer que tous ont des façons différentes de vivre et d’exprimer leurs émotions. Certains vont pleurer, voire crier, d’autres vont se réfugier dans leur bulle un certain temps, certains vont aller du rire aux larmes en un rien de temps et d’autres vont tout à coup avoir besoin d’être très occupés. On a parfois besoin de dormir beaucoup ou au contraire des difficultés à trouver le sommeil lorsque l’on est en deuil. Il est normal de ressentir toute une palette d’émotions et c’est ok de les laisser sortir.
Nous expliquerons aux enfants que certaines personnes seront tristes, ou peut être même en colère, et que chacun a le droit de vivre ses émotions à sa manière. Qu’ils ne sont responsables en rien des émotions de leurs proches, et il n’est pas question de les investir d’une mission à l’égard des adultes (réconfort, prendre soin etc…).
Les aspects … techniques
Il y a des milliers de façons de rendre hommage à un défunt. De la veillée à l’inhumation en passant par l’incinération, les funérailles sont un sujet à aborder avec l’enfant. Il suffit d’expliquer à l’enfant que pour rendre hommage, et se permettre de dire au revoir au défunt, ses proches ont choisi de faire une cérémonie. Il est important de donner deux ou trois détails techniques concrets afin que l’enfant puisse se faire une image précise et donc dénuée d’angoisse et de fantasmagories. On dira par exemple que certaines personnes vont apporter des fleurs, que l’on peut jouer une musique appréciée du défunt, qu’il y aura peut être quelques photographies pour se souvenir, et que des gens prendront la parole pour dire ce qui leur tient à coeur ou pour raconter un moment important de la vie du défunt ou un détail fort de sa personnalité.
Lorsque l’enfant connaissait le défunt, il peut très bien assister aux obsèques ou non. Je pense qu’il n’y a pas d’âge pour avoir le droit de dire au revoir à un être cher. Si vous vous en sentez capable, je pense qu’il est bon de proposer à l’enfant d’être présent s’il le souhaite. Mais à vous parents de déterminer si les conditions seront réunies pour que vous puissiez accompagner votre enfant au travers des émotions qu’il va traverser lui-même. Parfois notre propre tristesse fait que nous ne nous sentons pas en état d’assumer nos enfants lors des funérailles, dans ce cas là je pense qu’il est important de ne pas se forcer. Dans certains cas, un décès peut raviver de fortes tensions familiales et avec un contexte très chargé en émotions vous pourrez aussi avoir envie de protéger vos enfants de ce moment.
Que votre enfant assiste ou non aux obsèques, vous pouvez tout à fait lui proposer de participer à l’hommage de façon très simple. Par exemple, l’enfant pourra choisir une fleur, réaliser un dessin à mettre à côté du cercueil comme un dernier cadeau à la personne décédée, ou bien vous aider à choisir une photo de la personne qui la met en valeur.
Cela doit rester sur la base du volontariat et tous les enfants ne ressentent pas forcément le besoin de participer. Mais le simple fait que cela soit possible leur ouvre une option concrète pour pouvoir vivre leur deuil et c’est un chemin qui peut les aider s’ils le choisissent.
Par exemple, lors du décès d’un petit cousin, avec l’accord des parents, mes enfants ont choisi un doudou à mettre dans le cercueil. Ils n’étaient pas présents aux obsèques mais cela leur a permis de se sentir acteurs et de pouvoir vivre le deuil à leur manière. C’est aussi un moyen de lancer le dialogue de façon apaisée autours de ce qu’il s’est passé. L’enfant en profitera souvent pour poser ses questions, et nous serons plus disposés à y répondre sereinement.
On peut tout à fait, toujours dans le respect et avec l’accord de la famille, prendre une ou deux photos du cercueil fermé afin de pouvoir ensuite les montrer à nos enfants et leur raconter le déroulement de la cérémonie. Il peut être important pour eux de pouvoir comprendre et visualiser.
Selon les enfants, certains vont poser beaucoup de questions, et d’autres vont se satisfaire d’explications simples et sommaires.
La vérité, toute la vérité?
Je vais aborder ici un point très particulier mais qui me tient à coeur. Ce point ne concerne pas tous les enfants. Mais il est bon de l’avoir en tête pour pouvoir corriger le tir au besoin. La notion de vérité est centrale. Mais je n’avais pas pensé à quel point elle pouvait être globale dans certains cas. La spécificité de certains enfants fait qu’ils ont besoin de la vérité toute nue, mais aussi de la vérité entière.
J’illustre mon propos: On pourrait croire qu’il est trop violent d’expliquer l’inhumation, la crémation, ou même la détérioration du corps physique. Je comprends tout à fait cela. Mais voilà: ce que l’enfant ne sait pas, il l’imagine. Et à titre d’exemple personnel, j’ai eu beaucoup de chance, de pouvoir intervenir à temps et de pouvoir stopper la situation et corriger le tir avant qu’un drame ne se produise.
Je m’explique:
Mes enfants, âgés alors de 3,5 et 1,5 ans, ont été confrontés de près au deuil d’un enfant qui leur était proche et très cher à leur coeur. J’ai bien évidemment expliqué tout ce qui me paraissait nécéssaire et juste, et je m’en suis tenue à tout ce qui précédait la crémation. Ma fille ne m’a pas posé plus de questions, la connaissant j’etais prête à aller plus loin dans mes explications mais mon mari m’a stoppée en me disant que j’allais peut être trop loin. J’ai admis que je répondrais à ses questions si elle en avait, et je ne suis pas allée au delà sur le moment.
Quelques semaines ont passé, et ma fille, cette adorable petite curieuse avide de connaissances et de compréhension du monde, a demandé à son petit frère, très moteur déjà et parfaitement capable d’escalader un rebord de fenêtre, bref elle lui a demandé quoi? de sauter par la fenêtre du premier étage. Comme ça, pour voir, sans méchanceté aucune. Et mon fils, en adoration totale pour sa grande soeur comme beaucoup de petits frères de cet âge là, et pas du tout familier avec la peur du danger comme tous les enfants de son âge, de s’empresser d’essayer de s’exécuter. Fort heureusement nous avions installé des sécurités aux fenêtres et le temps qu’elle attrape la clef (que je pensais pourtant hors de portée!) et l’introduise dans la serrure j’ai pu arriver en courant et stopper leur entreprise.
Une fois le danger écarté (pour le moment!) et mon coeur revenu dans ma poitrine, j’ai ouvert le dialogue avec ma fille. Elle sait parfaitement qu’il n’est pas permis aux enfants d’ouvrir les fenêtres de l’étage et elle connaît les dangers. Ma pire erreur aurait été de présumer d’une quelconque volonté de nuire de sa part, ou d’une absence de considération pour les règles. Ce jour là, j’ai pris le temps de bien respirer car il fallait que je sois efficace dans ma relation avec ma fille. IL ETAIT IMPERATIF QUE JE SOIS UNE MAMAN PERFORMANTE DANS CE SUJET PRECIS. Heureusement, ce jour-là était un bon jour pour moi et j’ai réussi à trouver la ressource interne pour ne pas sur-réagir et penser avec ma logique et mes compétences avant de parler avec ma peur. J’ai donc commencé à la questionner de façon ouverte pour comprendre ses motivations, le seul moyen de déjouer ses plans de façon durable étant de travailler sur la source de son idée.
Voici donc un extrait de notre conversation: Moi: » Tu as demandé à ton frère de sauter par la fenêtre de sa chambre. Pourtant tu sais que vous n’aurez le droit d’ouvrir les fenêtres vous même que lorsque vous serez capables de le faire alors que vos pieds touchent le sol pour être en parfaite sécurité. Que se serait il passé si ton frère était monté sur le rebord de la fenêtre? » Elle: « Il aurait pu tomber. » Moi: « Oui. Et que lui serait il arrivé s’il était tombé? » Elle : « Il aurait pu être blessé gravement et devoir aller à l’hôpital. Ou bien il aurait pu être mort. » (elle connaît très bien le sujet car nous l’avions abordé des mois avant, lorsque nous avions installé les serrures aux fenêtres pour pallier à leurs envies de voir les oiseaux de plus près). Moi: « Et que ce passerait il si ton frère mourrait? » Elle : « Tu serais très triste. » Moi: « Et toi? » Elle: « Ben non! parce que comme il serait mort à la maison on pourrait le garder pour toujours! donc il serait toujours là!!! »
Aïe.
A ne pas vouloir perturber ma fille en stoppant mes explications, j’avais attisé en fait sa curiosité sans le savoir, et elle manquait d’éléments tangibles pour comprendre à quel point la mort était définitive. C’était surprenant, car elle avait l’habitude que le chat nous rapporte des mulots ou des oiseaux. et elle avait déjà vu des corps sans vie. Mais j’allais devoir lui expliquer pourquoi nous ne gardons pas les corps de nos défunts, et ce que nous en faisions. Je suis allée chercher une orange qui pourrissait lentement dans mon panier de fruits (ouf! je n’avais pas eu le temps de la jeter!) et je lui ai ainsi expliqué la décomposition des corps. Puis j’ai expliqué l’enterrement, la crémation, et enfin j’ai bien insisté sur le fait que dans la mort, le corps est totalement inanimé et que même si on pouvait pratiquer un embaumement pour conserver le corps, la personne n’est plus là et il est impossible d’interagir avec elle. Enfin j’ai conclus et renforcé mon propos par le fait qu’il est absolument interdit de mettre fin à la vie de quelqu’un, que ce soit soi-même ou en poussant un autre à faire quelque chose de dangereux pour sa personne, que c’est interdit pour tout le monde, adultes et enfants et qu’il y a même des lois pour cela.
Tous les verrous du monde ne valent rien face à l’adhésion raisonnée et convaincue de son intellect à une règle dans laquelle elle trouve de la logique et du sens.
Les supports
Pour aller plus loin, il existe de nombreux ouvrages très bien faits. En voici quelques exemples:
Au revoir monsieur Blaireau, de Susan Varley aux éditions Gallimard Jeunesse
Si on parlait de la mort, de Catherine Dolto
Le très bon blog apprendre à éduquer dresse une liste détaillée d’ouvrages littéraires.
Je vous recommande aussi l’excellente site québécois naître et grandir pour aller encore plus loin.
J’espère du fond du coeur que cet article vous sera utile et vous permettra d’aborder avec le plus de douceur possible cet aspect si indissociable de la vie qu’est sa fin.
Aujourd’hui je reçois un message de la part d’une amie, qui souffre de voir apparaître des comportements violents de la part de son fils aîné envers le cadet. L’enfant serait témoin à l’école de ce genre de gestes, et il les reproduit sur son petit frère une fois à la maison.
Que se passe-t-il? Pourquoi un enfant d’ordinaire si doux, adopte t il des comportements dont il n’a pas l’habitude et qui ne sont pas d’usage dans son foyer?Pourquoi ces situations sont-elles si difficiles à gérer pour nous, parents ?
Cette situation, je l’ai déjà vécue en tant que maman.Lorsque l’un de mes enfants fait du mal à l’autre, j’ai l’impression d’être une page de magazine que l’on déchire lentement en bandelettes de papier (situation très confortable, n’est-ce pas…).
Il est tout à fait déstabilisant et même insupportable pour un parent de voir l’un de ses enfants devenir agresseur de l’autre. Déjà parce que l’on n’a pas envie que notre progéniture se transforme en bourreau, et que l’on aspire tous à élever de gentils petits enfants calmes, patients et attentionnés (haha). Ensuite parce que notre instinct nous hurle de protéger le petit qui s’en prend plein la figure, et que nous aurions (presque) des réflexes agressifs envers l’enfant qui a eu le comportement violent.
De là, il n’y a qu’un pas pour que nous réagissions à chaud et que nous dirigions à notre tour de la violence (dans les propos, le ton de la voix, les punitions, les gestes) vers l’un de nos enfants.
« Armez vous de patience et respirez », certain vous diront.
Respirer, oui, bien sûr. C’est vital, même. Mais moi je crois que la patience est votre pire ennemi. Parce que de la patience, vous n’en avez pas la même quantité tous les jours. Et il y a même des jours où vous n’en avez pas du tout. Et que la patience, ce n’est pas une ressource inépuisable. Et les jours où la patience vous manque, qu’allez vous faire? Exploser ? Vous effondrer? Bof.
Je ne crois pas à la patience dans l’éducation des enfants. En revanche, je crois au pouvoir de la connaissance.
Car si je sais pourquoi mon enfant agit de la sorte, je pourrais comprendre qu’il se positionne en acteur d’une agression, et non pas par sadisme envers son cadet.
Il se positionne en acteur volontaire d’une agression afin d’en comprendre la mécanique et le sens.Ainsi, il me faut chercher en discutant avec lui quelle agression il a subit, ou de quel comportement problématique il aura été témoin.
Lorsqu’un enfant adopte un comportement agressif tout à fait inhabituel chez lui, à l’apparence gratuite, cherchez à comprendre ce qu’il a vu, entendu ou subi, afin de l’aider à mettre du sens, de la compréhension et des mots.Ainsi il n’aura plus besoin d’expérimenter (pour le plus grand bonheur de la fratrie ou des petits camarades!).
Bien sûr, il sera important de faire constater à l’enfant le mal-être qu’il a provoqué chez l’autre, et lui proposer de réparer selon la méthode de son choix. Il est capital d’assumer ses responsabilités, et l’on ne blesse pas impunément les gens.(voir les 3 choix de réparation dont nous parlons dans les ateliers « sortir du système punitions/récompenses).
Voici quelques exemples de ce que vous pouvez dire à votre enfant:
« Tu as vu quelqu’un avoir des gestes violents aujourd’hui. Saches que toutes les familles ne font pas de la même manière. Certains parents pensent que l’on peut éduquer des enfants avec des coups et des punitions. Ces enfants-là ne savent pas que l’on n’a pas le droit de faire du mal à un enfant. Alors ils ont des comportements inappropriés avec les autres enfants. Tu n’as pas à subir cela.La violence n’est pas acceptable. Cet enfant est en train d’apprendre à mettre des mots sur ce qu’il ressent au lieu de se blesser et de blesser les autres. Il va avoir besoin de temps pour cela et que les adultes l’accompagnent.Toi, en tant qu’enfant, si tu vois quelque chose qui te pose question, ou qui fait « NON » à l’intérieur de toi, tu peux en parler à un adulte ou venir me trouver pour en discuter. Et dans notre famille, dans notre maison, il y a une règle très importante sur laquelle je serais intransigeant(e): Tout le monde a le droit de se sentir bien et en sécurité dans ma maison. Ces comportements là n’y ont pas leur place. »
C’est un sujet qui revient très souvent, et il est habituel que les enfants testent leurs compétences sociales au sein de la fratrie, qui est une « safe place ». Votre enfant peut tout autant adopter ces comportements agressifs à votre encontre, ou tenter de provoquer en vous de l’agressivité, pour les mêmes raisons. Cela s’exprimera différemment selon chaque situation. A nous de rester curieux et de toujours poursuivre notre quête de vérité: « que se passe t il dans la tête de mon enfant? que ressent il dans son coeur? Pourquoi a t il besoin de faire cela? « Sont des questions qui vous aideront à ne pas recourir à votre patience mais à vos connaissances. Et vous serez ainsi un petit peu plus solide dans votre démarche d’éducation consciente.
Bon courage! car le chemin est tortueux et semé d’embûches! mais ô combien merveilleux aussi!
Il y a un bon moment que je voulais écrire sur un sujet qui me passionne, les livres pour enfant.
Ce n’est pas toujours évident de trouver de littérature pour enfants qui correspond à nos valeurs de non-violence, de confiance en les capacités des enfants et de grandir en sérénité.
Je ne serais jamais capable de vous fournir une liste exhaustive, mais voici quelques pépites trouvées par hasard, sur recommandations, ou après d’intensives recherches. Elles sont destinées aux enfants en bas âge, respectueuses des principes de pédagogie Montessori (on reste dans le réel pour la plus part) et adaptées à une philosophie bienveillante et respectueuse de l’environnement.
On commence? je vous préviens la liste est longue et sera complétée régulièrement. (il est très rare que je passe un mois entier sans acheter quelques livres… )
Ensuite, je voudrais vous parler d’un auteur très connu dans le milieu des éducateurs Montessori… Gerda Muller. Ses livres sont juste de parfaits outils de langage, comme support de discussion avec vos enfants. Tout simplement P.A.R.F.A.I.T.S.
Dès 2-3 ans, et pour longtemps, la collection des Archibald, de Pauline Martin et Astrid Desbordes est superbe. très connus, ces livres traitent des thèmes philosophiques qui préoccupent les enfants, comme le foyer, l’arrivée d’une petite soeur, la confiance en soi, la vocation,l’amour inconditionnel, la différence … je les aime tous! Les dessins sont très doux et les couleurs hyper agréables. Ils me servent autant à la maison qu’en classe 2-3 ans ou 3-6 ans.
Plein de richesse, de justesse, et de poésie, sur l’amour inconditionnel, The giving tree, de Shel Silverstein, est juste magnifique (L’arbre généreux, en français). Ce livre pourrait aussi servir de support pour expliquer l’épuisement parental.. Dès 3-4 ans.
Bien vivre ensemble
Toujours en philosophie des petits, j’adore As-tu rempli un seau aujourd’hui? de Carol McCloud. On y apprend le bonheur quotidien et la bienveillance avec un concept très abstrait, qui se comprend très facilement dès 3 ans! Il est très amusant de constater que les enfants vont ensuite se plaindre qu’on leur aie vidé leur seau, ou s’arranger pour vous aider à remplir le vôtre.
Dans la collection Mes p’tites Questions aux éditions Milan, Le Racisme Thème oh combien important à aborder et pourtant si complexe. Je trouve l’ouvrage très complet, simple, clair et sans compromis. Il est actuel et très bien renseigné. Noté à partir de 7 ans, je pense qu’il est abordable (en plusieurs fois car plus de 30 pages quand même) dès 5 ans. A découvrir en famille, en classe, ou à laisser traîner à la maison, dans une salle d’attente ou à l’école.
Pour les tout-petits!
J’aime beaucoup les livres (oui, tous!) de Tana Hoban, véritable référence dans la pédagogie Montessori. Nous aimons les contrastes forts, les couleurs primaires et les concepts clairs. Des livres à consulter dès les premières semaines.
Beaucoup de beaux bébés, de Davis Ellwan, à présenter dès les premiers mois, pour un moment de complicité. Les enfants aiment à y revenir une fois plus grand, et imaginer l’histoire de chaque bébé. Un parfait cadeau de naissance!
Aux éditions Nathan, la collection des Regarde dans… de Emiri Hayashi est juste fabuleuse. Douce, à observer, à toucher, elle captive le tout petit de 0 à 18 mois.
Pour un moment interactif avec un tout jeune bambin, un instant de retour au calme, j’adore partager Un livre, de Hervé Tullet. On suit les instructions et on se laisse guider. Il captivera l’enfant qui pourra découvrir que l’on peut explorer un livre de mille façons! pas question de rester sans bouger ni parler! (très efficace pour un retour au calme en un à un en classe, par exemple!) dès 18 mois-2 ans.
Avec des dessins très simples et une jolie poésie, j’aime énormément Petit Bleu et Petit Jaune, de Léo Lionni. Un joli livre où l’amour et l’amitié ouvrent au métissage. On apprend à se méfier des apparences!
Si poétique, sur l’éveil des sens, la solitude et le contact humain, Petit Bonhomme, de Eric Battut, est une pépite merveilleuse. Très apprécié en classe de 2-3 ans et 3-6 ans. Dès 2 ans et demie (oui oui!)
En Musique! Je ne remercierais jamais assez mes amis Clémence et François de m’avoir fait découvrir le premier Paco et le rock, de Magali le Huche, aux éditions Gallimard Jeunesse. Ce sont de superbes livres sonores. On y part à la découverte d’un style musical ou d’un compositeur, instrument par instrument, on affine son oreille. Le son est clair et de très bonne qualité pour des livres pour enfants. Le plus? A la fin du livre on peut retrouver chaque mélodie avec son nom, son auteur et l’interprète, pour retrouver le morceau en entier si désiré. Les pages sont fines, donc à faire découvrir de façon accompagnée jusqu’à 2 ans et demie, pour apprendre à prendre bien soin des livres!
Les parents que j’accompagne me demandent souvent par où
commencer. Quelles lectures leur permettraient d’approfondir leurs
connaissances, et quels sont les livres que je leur recommanderais.
Et bien tout dépend de ce que vous recherchez.
Si votre objectif est d’obtenir des clefs, là maintenant, tout de suite, des astuces, des petites aides, pour gérer le quotidien, avec une lecture très facile et ultra rapide, j’aime beaucoup les ouvrages J’ai tout essayé ! et Il me cherche ! d’Isabelle Filliozat. Vous y trouverez des techniques d’accompagnement douces, avec en prime des supers illustrations par l’exemple de Anouk Dubois et des explications neuroscientifiques. Balèze et efficace !
Pour changer de paradigme en profondeur, sortir du système punition/récompense et apprendre la résolution de conflits sans perdants, mon chouchou : Parents efficaces au quotidien, de Thomas Gordon. J’adore… c’est une vraie remise en question du système d’éducation traditionnel, mais avec des solutions de changement et des témoignages qui nous aident à avancer sans culpabiliser. On apprend à voir l’enfant acteur de son propre monde, capable de trouver ses propres solutions, et ça change la vie de toute la famille !
Besoin de soutien et de réconfort dans votre démarche d’éducation non violente ? Il n’y a pas de parent parfait, d’Isabelle Filliozat, est fait pour vous.
Pour comprendre les émotions de nos enfants et mieux cerner ce qu’ils vivent : Au cœur des émotions de l’enfant, du même auteur.
J’aime beaucoup, mais à réserver pour un public plus solide, C’est pour ton bien, d’Alice Miller. Qui va nous faire comprendre les conséquences délétères du système d’éducation basé sur les punitions.
Pour entrer en douceur et comprendre la philosophie de Maria Montessori, son livre L’Enfant, est une pépite. Il rend à l’enfant une place dans la société avec une justesse et une logique implacables.
Bien entendu, toute l’œuvre de Maria Montessori est à lire si vous voulez avancer dans sa pédagogie, mais question éducation pure, L’Education et la paix est un trésor de pensée.
Pour comprendre en profondeur les mécaniques du cerveau et repenser l’éducation : Pour une enfance heureuse, de Catherine Gueguen. Ce livre est très technique et a le mérite de vous donner des arguments imparables face à monsieur et madame Tout-le-monde qui seraient inquiets de vous voir élever un enfant « sans limites » (comprenez qui vous en veulent de fabriquer un tyran).
Préc
Suiv.
Elles ont travaillé ensemble un moment, et leurs conférences communes ont connu un grand succès, Céline Alvares avec Les lois naturelles de l’enfant avait jeté un gros pavé dans la mare de l’éducation nationale. Grâce à son livre, beaucoup d’esprits se sont peu à peu ouverts aux pédagogies alternatives, et au simple fait qu’il est possible de fonctionner autrement. Je vous le recommande, ainsi que son blog très bien documenté.
Vous pourrez poursuivre votre lecture par exemple avec les travaux de Marshall Rosenberg, en communication non violente, ceux de Jane Nelsen et tant d’autres.
Il y a tant d’autres ouvrages que je pourrais vous détailler…
Nous vivons une époque merveilleuse dans laquelle accéder à la bienveillance est
un défi personnel et de société que l’on peut relever seul ou à plusieurs, grâce
notamment à l’appui de tous types de supports merveilleux (BDs, vidéos, blogs,
planches de dessin, livres, conférences…) auquel internet nous donne accès.
Comme il est plus facile de nos jours qu’il y a trente ans d’accéder à l’information !
Notre époque à cela de beau qu’il ne tient qu’à nous de faire le pas.