Les ateliers du citron

Il a tapé son frère sans raison ….

Violence dans la fratrie, une origine possible

Aujourd’hui je reçois un message de la part d’une amie, qui souffre de voir apparaître des comportements violents de la part de son fils aîné envers le cadet. L’enfant serait témoin à l’école de ce genre de gestes, et il les reproduit sur son petit frère une fois à la maison.

Que se passe-t-il? Pourquoi un enfant d’ordinaire si doux, adopte t il des comportements dont il n’a pas l’habitude et qui ne sont pas d’usage dans son foyer?Pourquoi ces situations sont-elles si difficiles à gérer pour nous, parents ?

Cette situation, je l’ai déjà vécue en tant que maman.Lorsque l’un de mes enfants fait du mal à l’autre, j’ai l’impression d’être une page de magazine que l’on déchire lentement en bandelettes de papier (situation très confortable, n’est-ce pas…).

Il est tout à fait déstabilisant et même insupportable pour un parent de voir l’un de ses enfants devenir agresseur de l’autre. Déjà parce que l’on n’a pas envie que notre progéniture se transforme en bourreau, et que l’on aspire tous à élever de gentils petits enfants calmes, patients et attentionnés (haha). Ensuite parce que notre instinct nous hurle de protéger le petit qui s’en prend plein la figure, et que nous aurions (presque) des réflexes agressifs envers l’enfant qui a eu le comportement violent.

De là, il n’y a qu’un pas pour que nous réagissions à chaud et que nous dirigions à notre tour de la violence (dans les propos, le ton de la voix, les punitions, les gestes) vers l’un de nos enfants.

« Armez vous de patience et respirez », certain vous diront.

Respirer, oui, bien sûr. C’est vital, même. Mais moi je crois que la patience est votre pire ennemi. Parce que de la patience, vous n’en avez pas la même quantité tous les jours. Et il y a même des jours où vous n’en avez pas du tout. Et que la patience, ce n’est pas une ressource inépuisable. Et les jours où la patience vous manque, qu’allez vous faire? Exploser ? Vous effondrer? Bof.

Je ne crois pas à la patience dans l’éducation des enfants.
En revanche, je crois au pouvoir de la connaissance.

Car si je sais pourquoi mon enfant agit de la sorte, je pourrais comprendre qu’il se positionne en acteur d’une agression, et non pas par sadisme envers son cadet.

Il se positionne en acteur volontaire d’une agression afin d’en comprendre la mécanique et le sens.Ainsi, il me faut chercher en discutant avec lui quelle agression il a subit, ou de quel comportement problématique il aura été témoin.

Lorsqu’un enfant adopte un comportement agressif tout à fait inhabituel chez lui, à l’apparence gratuite, cherchez à comprendre ce qu’il a vu, entendu ou subi, afin de l’aider à mettre du sens, de la compréhension et des mots.Ainsi il n’aura plus besoin d’expérimenter (pour le plus grand bonheur de la fratrie ou des petits camarades!).

Bien sûr, il sera important de faire constater à l’enfant le mal-être qu’il a provoqué chez l’autre, et lui proposer de réparer selon la méthode de son choix. Il est capital d’assumer ses responsabilités, et l’on ne blesse pas impunément les gens.(voir les 3 choix de réparation dont nous parlons dans les ateliers « sortir du système punitions/récompenses).

Voici quelques exemples de ce que vous pouvez dire à votre enfant:

« Tu as vu quelqu’un avoir des gestes violents aujourd’hui. Saches que toutes les familles ne font pas de la même manière. Certains parents pensent que l’on peut éduquer des enfants avec des coups et des punitions. Ces enfants-là ne savent pas que l’on n’a pas le droit de faire du mal à un enfant. Alors ils ont des comportements inappropriés avec les autres enfants. Tu n’as pas à subir cela.La violence n’est pas acceptable. Cet enfant est en train d’apprendre à mettre des mots sur ce qu’il ressent au lieu de se blesser et de blesser les autres. Il va avoir besoin de temps pour cela et que les adultes l’accompagnent.Toi, en tant qu’enfant, si tu vois quelque chose qui te pose question, ou qui fait « NON » à l’intérieur de toi, tu peux en parler à un adulte ou venir me trouver pour en discuter.
Et dans notre famille, dans notre maison, il y a une règle très importante sur laquelle je serais intransigeant(e): Tout le monde a le droit de se sentir bien et en sécurité dans ma maison. Ces comportements là n’y ont pas leur place. »

C’est un sujet qui revient très souvent, et il est habituel que les enfants testent leurs compétences sociales au sein de la fratrie, qui est une « safe place ». Votre enfant peut tout autant adopter ces comportements agressifs à votre encontre, ou tenter de provoquer en vous de l’agressivité, pour les mêmes raisons. Cela s’exprimera différemment selon chaque situation. A nous de rester curieux et de toujours poursuivre notre quête de vérité: « que se passe t il dans la tête de mon enfant? que ressent il dans son coeur? Pourquoi a t il besoin de faire cela? « Sont des questions qui vous aideront à ne pas recourir à votre patience mais à vos connaissances. Et vous serez ainsi un petit peu plus solide dans votre démarche d’éducation consciente.

Bon courage! car le chemin est tortueux et semé d’embûches! mais ô combien merveilleux aussi!