Les ateliers du citron

Montessori & Non-violence : de la sur – protection ?

Une question qui revient souvent lors des formations c’est :
Un enfant qui reçoit une éducation bienveillante et une instruction Montessori dans ses premières années sera-t-il adapté au monde et au système scolaire classique par la suite?

Et bien c’est une excellente question qui soulève plusieurs problèmes.
 Le premier, c’est de croire que l’on doit préparer les enfants, les endurcir, pour qu’ils ne souffrent pas trop dans la cruauté du monde qui les entoure.
C’est un problème, car on oublie en cela que l’enfant EST une partie intégrante du monde.
Ainsi endurcir l’enfant, c’est endurcir le monde.
Il est tout à fait possible d’affronter la réalité et des situations désagréables sans avoir besoin de se désensibiliser. Il est possible de ressentir des émotions, agréables ou désagréables, tout en restant solide et en étant capable de faire face aux difficultés de la vie.

Le second problème soulevé par cette question c’est la méconnaissance. L’absence d’informations sur la méthodologie. Beaucoup croient qu’une éducation sans  violences, c’est une éducation laxiste, ou sur-protectrice, qui préserve les enfants des problématiques de la vie.
Alors que, si l’on ne fabrique pas de conflits de toutes pièces, l’un des principes fondamentaux de la pédagogie Montessori ou de l’éducation non violente, c’est bel et bien la capacité d’adaptation et la faculté de l’enfant à résoudre des problèmes.
Il a été prouvé par des travaux de recherche par IRM (voir l’étude menée par le Dr Solange Denervaux à Lausanne) que la pédagogie Montessori décuple les facultés d’adaptation, de résolution de problèmes et de gestion de l’échec.

Enfin, une éducation non violente ne prépare pas l’enfant à affronter la violence, elle l’aide à se construire de façon solide et à développer sa confiance en lui. Elle lui offre à la possibilité de vivre et d’évoluer sans recours à la violence.

Les résultats sont  tangibles et mesurables:
Les enfants qui ont reçu un accompagnement adapté dans la gestion émotionnelle développent plus de connexions au niveau du néocortex préfrontal, réseaux essentiels dans le développement cognitif et les capacités d’inhibition. Ainsi les apprentissages sont facilités et l’enfant sera moins impulsif, et moins vulnérable aux situations stressantes.
Les enfants qui ont reçu une instruction via la pédagogie Montessori sont capables d’apprendre seuls et pour eux-mêmes, car leur motivation intrinsèque est préservée.

Alors oui, un enfant sensibilisé à la non-violence s’insurgera plus facilement des injustices dont il sera témoin ou victime. Oui les parents devront souvent parler et écouter l’enfant au retour de l’école pour déconstruire et analyser des situations vécues qui posent interrogation à l’enfant.
Mais n’est-ce pas là une richesse et une fierté que de savoir que nos enfants ne prendront  ne prendra pas part à un système oppressif, et signifiera son désaccord aux adultes?

Cela m’amène au dernier point: les enfants issus de ces modèles éducatifs sont souvent perçus comme insolents par les adultes habitués aux systèmes basé sur des relations de pouvoir et d’autorité. En effet à la question « C’est quoi ces enfants qui répondent? » Maja du compte les lunettes de Maja réplique à juste titre  » Cela s’appelle une conversation. »

Remettre en question le fait que les enfants ont besoin de comprendre et d’adhérer avant de faire ce qu’on leur demande, c’est viser un système de soumission aveugle, et il me semble que cela relève plus du dressage que de l’éducation.

Alors bien sûr, un enfant qui est issu d’une éducation au sein de laquelle il peut réfléchir, remettre en question l’adulte, se construire librement et développer ses compétences par lui-même n’abordera pas les choses de la même manière qu’un enfant soumis à l’autorité depuis son plus jeune âge.
Mais, au bout du compte, est-ce vraiment un problème?